je m’apprête à changer une lampe brûlée
le son humide d’autos qui passent tout près
de l’autre côté du mur des bruits inquiétants
entre mes oreilles mon sang bat fort
des siècles et des siècles coulent dans mes veines
les prostituées s’installent au coin de la rue
convenablement l’été tire à sa fin
une phrase de poète sur le mur m’interpelle
j’ai le goût de chandelles et d’une poésie
irlandaise incandescente mon amie
mon amante mon amour attend ma venue
ce soir on s’endormira chastement je mettrai
ma grande main sur ses cheveux je frôlerai
de mes longs doigts son oreille les saisons
se conjuguent simplement les verbes sont
parfois au passif mais la vie verbe
sans adverbes ou adjectifs inutiles
je ferme la lumière avant que la lumière se
ferme et non sans avoir repéré le chemin
du stylo au matelas du papier au drap
des mots à l’amour
1. Quelle émotion première ressentez-vous en lisant ce texte ? Qu’est-ce qui la provoque, selon vous?
2. Recherchez les chiasmes dans ce texte.
3. Que pensez-vous du titre du poème? Qu’est-ce qu’il signifie par apport au texte?
4. Quel effet produit sur le lecteur l’écriture syncopée et sans ponctuation de ce poème?
5. Plusieurs vers de ce texte peuvent être coupés à deux endroits différents, ce qui permet de jouer avec leur signification. Découpez le texte de différentes façons pour trouver les meilleures interprétations.
6. Activité d’écriture
Les deux derniers vers du poème : « Du stylo au matelas du papier au drap / des mots à l’amour » nous montrent une gradation de termes par paires. Essayez de créer aussi des gradation de même style.
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Un article du Devoir qui place Dickson dans son trop des trois D (Dickson, Desbiens, Dalpé)
Dickson, Robert, « Ottawa », Humains paysages en temps de paix relative, Sudbury, Prise de parole, 2002